[Vidéo] Mesures d’urgence Covid-19 : Coup de gueule du sénateur Fabien Gay

🔴 “Si demain il n’y a pas de salarié, la boîte ne tourne pas, parce que c’est les salariés qui produisent la richesse dans ce pays, mais oui ! Et ça vous embête bien !” 🔴

Coup de gueule du sénateur PCF de Seine-Saint-Denis Fabien Gay, intervenant dans notre documentaire Un Pognon de Dingue – Film, par rapport aux mesures économiques du gouvernement dans sa loi d’urgence sanitaire.

La ministre du Travail Muriel Pénicaud tente de lui répondre mais ne convainc pas.

Les criminels au pouvoir

Par Benoit Delrue, co-réalisateur d’Un Pognon de Dingue

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« Nous sommes en guerre ». Le Président Macron a répété solennellement ces mots, lundi soir. Oui, il y a une guerre contre le coronavirus, durant laquelle les travailleurs médicaux, docteurs, infirmiers, aides-soignants se trouvent en première ligne, au péril de leurs vies.

Mais dans cette guerre, de quel côté se trouve le Président des Riches ? M. Macron a beau jeu aujourd’hui de chanter les louanges de ces « services en-dehors des lois du marché », lui qui n’a jamais cessé de démanteler la protection sociale des Français pour la livrer aux appétits féroces de la classe capitaliste.

L’hôpital public, déjà au bord de la rupture, se prend de plein fouet la crise sanitaire du coronavirus. Les sous-dotations, le sous-équipement, le sous-effectif, les fermetures de lits par milliers ces dernières années ont ouvert une plaie béante sur laquelle les maigres plans de Mme Buzyn et M. Véran agissent comme un pansement superflu.

Aux soignants qui l’interpellaient, M. Macron trouvait juste de rétorquer qu’il n’existe « pas d’argent magique ». Maintenant que l’épidémie de Covid-19 déferle sur notre territoire, provoquant le krach boursier le plus grave de l’histoire du CAC 40 et des mesures de confinement jamais prises jusqu’alors, le Président vient de trouver 300 milliards d’euros.

Trois cents milliards d’euros pour l’hôpital public ? Non : pour combler le manque à gagner des multinationales ! Quand le Président des Riches sort le carnet de chèque, il ne faut pas s’attendre à une bonne surprise. Il paye avec l’impôt des travailleurs les pertes de la bourgeoisie, comme l’avait fait M. Sarkozy lors de la crise bancaire en 2008.

Vendredi 20 mars, nous avons un avant-goût des mesures drastiques du gouvernement En Marche pour « relancer » ou « maintenir » l’économie : ceux qui n’ont que leur force de travail pour subsister seront à nouveau les sacrifiés. Allongement du temps de travail, renoncement aux congés payés figurent au programme.

Pour un confinement de quinze jours, la loi d’urgence prévoit d’obliger les salariés à poser une de leurs cinq semaines de congés payés. Du tout-cuit pour le grand patronat. Quand le confinement sera inévitablement reconduit pour atteindre 45 jours, à combien de semaines de congés payés nous obligeront-ils à renoncer ?

M. Macron pousse l’hypocrisie à son paroxysme en sermonnant les Français pour qu’ils restent chez eux, unique moyen de sauver des vies, tout en envoyant ses ministres Le Maire et Pénicaud exiger des salariés qu’ils se rendent au travail. Ils ont même mis, le 20 mars, une prime de 1.000 euros sur la table pour le travailleur prêt à prendre le risque d’être contaminé et de contaminer ses proches. Cela porte un nom : criminel.

Les criminels sont au pouvoir. Ils ont désossé l’hôpital public et la Sécurité sociale qui l’organise, ils ont coupé la protection sociale des démunis, de l’APL à la réforme de l’Assurance-chômage en passant par celle de l’AME, ils ont poussé jusqu’au bout la logique de la rentabilité capitaliste et les voilà aujourd’hui réclamer, exiger de la grande majorité qu’ils ont appauvrie, de se serrer la ceinture d’un cran supplémentaire, d’aller au turbin quitte à choper cette saloperie qu’on ne sait pas soigner.

Derrière les beaux discours sur l’union sacrée, M. Macron demeure le porte-parole de la grande bourgeoisie et d’elle seule.

Monique Pinçon-Charlot, spécialiste de cette infime mais toute-puissante classe sociale, intervenante dans notre documentaire, nous avait confié début février sa crainte de voir la grande bourgeoisie pousser les travailleurs à la mort, se débarrassant ainsi d’une population devenue inutile du fait de la robotisation et de l’intelligence artificielle, lors des catastrophes climatiques à venir. De la crise écologique à la crise sanitaire, il n’y a qu’un pas.

L’humanité est en guerre contre le coronavirus. Il n’est pas certain que monsieur Macron et les siens appartiennent au camp de l’humanité.

Divisions

Passée en catimini en plein été, la réforme de l’assurance chômage est la plus grande attaque contre les privés d’emploi jamais réalisée dans la France contemporaine. Présentée le 18 juin 2019, elle n’est même pas passée devant les parlementaires : le gouvernement l’adopte unilatéralement par décrets, et ses mesures seront effectives dès le 1er novembre prochain. Elle ne résulte même pas d’une quelconque concertation entre les représentants du patronat et les représentants des salariés ; les premiers concernés n’auront pas eu leur mot à dire, et subiront une régression sans précédent.

Sur le site du ministère du Travail, les services de la multi-millionnaire Muriel Pénicaud font sa com’ dans une présentation intitulée : « De nouvelles règles d’indemnisation du chômage qui favorisent le retour à l’emploi ». Nous apprenons que, dès le 1er novembre 2019, ce ne seront plus 4 mois sur les 28 derniers mois qu’il faudra avoir travaillé pour ouvrir ses droits aux indemnités chômage, mais 6 mois sur les 24 derniers. De plus, en cas de retour temporaire à l’emploi, il faudra non plus un mois de travail pour recharger ses droits, mais six mois !

Voilà pour l’ouverture des droits, mais le nouveau calcul des indemnités consiste en une attaque plus grave encore. Aujourd’hui, les indemnités sont calculées sur les seuls jours travaillés ; demain, elles le seront sur les jours travaillés ET les jours non travaillés. L’indemnité sera divisée par deux pour ceux qui étaient embauchés à mi-temps. Le principe est valable au cours d’un mois comme au cours des 24 mois ; si l’on a travaillé 6 mois sur les deux dernières années, notre indemnité en cas de chômage sera divisée par 4 ! Pour ceux qui étaient au SMIC, soit 1.202,92 euros nets par mois – et moins les années précédentes, avant ses revalorisations, inférieures à l’inflation faut-il le rappeler – et qui auront travaillé, en CDD ou intérim, durant six mois pour la période prise en compte, l’indemnité mensuelle passera de 960 euros à… 240 euros. Enfin, les indemnités chômage baisseront à compter du septième mois de chômage, pour ceux qui touchaient en travaillant 4.500 euros bruts mensuels ; seuls 10% des salariés, donc, mais une dégressivité qui risque d’être étendue à tous les indemnisés dans un futur proche.

Bien sûr, il s’élèvera toujours, jusqu’au sein même des salariés, des voix pour justifier ce recul historique. Les chômeurs seraient des « fainéants », en quelque sorte « responsables » de leur situation. Exit les délocalisations, les fermetures de commerces, les suppressions de postes… Mais la réalité reviendra comme un boomerang implacable en pleine face de ces naïfs, si ce n’est pour eux, du moins pour leurs enfants. Les plus jeunes travailleurs enchaînent les CDD courts et les stages non-rémunérés dans les années qui suivent la fin de leurs études, y compris supérieures ; ils seront les premiers touchés par la réforme. Dans un document, l’Unedic – dont les dirigeants sont clairement à la solde des gouvernements en place – estime le nombre d’impactés à 1,2 million de chômeurs ; c’est une estimation bien basse et, en réalité, la population des privés d’emploi concernée par cette régression, dans un contexte de précarisation et de périodes de travail hachées de tous les salariés, ne fera que croître d’années en années.

La vraie cible des décideurs politiques et économiques n’est autre que la Sécurité sociale. L’assurance chômage en est un des piliers, au même titre que la retraite, elle aussi gravement attaquée par l’instauration d’un système par points. C’est le principe même de la Sécu, la socialisation d’une partie des richesses créées par les salariés allant vers les travailleurs malades, retraités ou privés d’emploi, qui est insupportable aux yeux de la grande bourgeoisie industrielle et financière : c’est une part de la richesse nationale qui échappe totalement à sa rapacité. Après les complémentaires-retraites, les complémentaires-santé, pourquoi pas les complémentaires-chômage ?

Macron et son gouvernement sont au service exclusif de cette classe capitaliste, et après les mots du Président sur le « pognon de dingue » des minima sociaux, les actes arrivent – et ils seront ravageurs pour ceux qui vivent de leur travail. « De nouvelles règles qui favorisent le retour à l’emploi » ? Le seul phénomène qui favoriserait vraiment le retour à l’emploi, c’est la création d’emplois. Pourrir la vie des chômeurs ne favorise rien, mais satisfait grandement les milliardaires de notre pays, bien loin de la réalité et bien proches de leurs capitaux, qui comptent sur la division des travailleurs pour baisser leurs revenus à tous. Ils peuvent se féliciter de la baisse de leurs « charges », en fait nos cotisations, qui assuraient jusqu’à présent un minimum de sécurité économique dans nos vies. Notre insécurité, c’est leurs profits.

Confiscatoire

« Qu’ont-ils fait de leur ISF ? » C’est la question que se pose le magazine Challenges dans son numéro spécial de l’été contenant son classement des 500 plus grandes fortunes françaises. Les plus riches contribuables ont économisé 3 milliards d’euros grâce à la suppression de l’ISF, adoptée en 2017 à toute vitesse par la majorité macroniste.

Au sein d’un dossier intitulé « riches, donc suspects », jonché de témoignages de grands patrons se lamentant du climat anti-milliardaires, Challenges consacre un article aux gains réalisés par les plus gros patrimoines. Le magazine ultra-libéral donne courageusement la parole à des économistes ultra-libéraux, ainsi qu’à des très fortunés ayant réinvesti dans leur propre boîte ou à des expatriés ayant, tout aussi courageusement, choisi de revenir en France.

« J’ai déjà payé l’ISF, j’en acceptais le principe mais pas le taux, devenu confiscatoire » certifie Jérôme Lecat, « à la tête de sa troisième start-up », qui reviendra à Paris après 13 ans en Californie. A la tête d’un capital de 3,3 milliards d’euros, Mohed Altrad est l’un des seuls à révéler ses chiffres : il payait 100.000 euros d’ISF, « car ses parts dans l’entreprise étaient exonérées en tant que bien professionnel ». Lui ne paye plus que 3.500 euros d’impôt sur la fortune immobilière, et a « réinvesti dans son entreprise ou donné à des bonnes causes » le gain de 96.500 euros soit 0,003% de sa fortune. « Les riches particuliers ont alloué 500 millions de plus qu’en 2017 aux investissements vers les start-up et PME » de leurs amis entrepreneurs, plaide Dominique Gaillard, président de l’organisme France Invest, mais « la fin de la déductibilité des investissements dans les jeunes PME innovantes, notamment via des fonds dans l’innovation, a divisé par deux la collecte (-581 millions) » dit aussi l’article.

François Molat du Jourdin, secrétaire général de l’Association française du family office, se réjouit : « La fin de l’ISF a fait sauter un verrou psychologique qui figeait le capital. L’argent peut à nouveau circuler. » Même son de cloche chez Jean-Marc Dumontet, propriétaire de sept théâtres parisiens et « éminence grise d’Emmanuel Macron » : « Cet impôt était spécialement nocif dans notre petit pays, cerné de voisins plus fiscalement cléments où peuvent se réfugier les riches […] l’Hexagone n’offre plus ce cliché d’un pays hostile à la réussite et à l’argent. » Interrogés par deux sondages sur l’utilisation des sommes « libérées », les ex-redevables à l’ISF ont répondu « qu’ils en ont d’abord profité pour consommer plus (un beau voyage, une œuvre d’art…) ». Ils ne subissent plus un impôt « nocif » et ne sont plus obligés de « se réfugier ». « L’argent peut à nouveau circuler. »

Quant à Muriel Pénicaud, ex-DRH de Danone, qui payait la somme « confiscatoire » de 50.000 euros, soit moins de 0,7% de son patrimoine de 7,5 millions d’euros, elle a décidé de « verser le double de son économie d’ISF dans un fonds finançant des entreprises sociales ». Le fonds en question, Phitrust, finance des entreprises qui ont des idées innovantes comme loger des gens dans des containers (Homeblock) ou offrir aux SDF la possibilité de déposer leurs bagages dans un casier avant d’aller faire la manche (Mains Libres). La ministre du Travail d’Emmanuel Macron n’est jamais à court de bonnes idées.