[Vidéo] Planète, Gilets Jaunes et Ultra-Riches

🔴 L’état catastrophique de la planète est-il davantage le fait du travailleur roulant en diesel ou de l’ultra-riche voyageant en yacht et en jet privé ? Karl Ghazi s’insurge des discours culpabilisateurs et établit les responsabilités réelles.

🔥 Karl Ghazi est porte-parole de la CGT Commerce et Services de Paris. Longtemps employé de la FNAC, il défend les travailleurs des magasins comme les consommateurs face aux offensives, destructrices de liens sociaux, conjointement menées par le patronat de la distribution et les gouvernements successifs.

📣 Un Pognon de Dingue est un film-documentaire sur les lourdes inégalités de patrimoines privés en France, pour mettre en lumière la nature réelle de notre société dans l’ombre de Macron.

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Propagande

« Retraites : la main tendue de Macron » titre LCI ce mardi 27 août après-midi. « C’est la mère de toutes les réformes » prévient Julien Arnaud, journaliste politique de la chaîne d’info en continu. « Clairement un changement de méthode », abonde la présentatrice Bénédicte Le Chatelier, tandis que le bandeau de l’émission fait l’éloge de « la méthode douce ». Et sur les autres chaînes, c’est du même tonneau.

La raison d’un tel discours médiatique ? Les propos d’Emmanuel Macron, dans l’interview qu’il a donnée lundi soir, selon lesquels il « privilégie » désormais d’agir sur « la durée de cotisation », et non plus sur un hypothétique âge de référence, ou « âge-pivot ». Ce dernier était l’une des propositions-phares du rapport de Jean-Paul Delevoye, que le gouvernement reprenait jusqu’alors à son compte.

« La méthode douce », « la main tendue » se traduisent également par la volonté affichée par l’exécutif d’organiser une grande « concertation » des Français. Une mascarade que nous avons démontée la semaine dernière, la porte-parole du gouvernement ayant déclaré qu’ « un certain nombre de principes édictés par le gouvernement sont des principes intangibles ».

Le fait qu’Emmanuel Macron privilégie la durée de cotisation signifie-t-il vraiment un « changement de méthode » ? Rien n’est moins vrai. Le véritable « principe intangible » de la réforme des retraites, outre le système par points, tient en quelques mots : tous les Français devront travailler plus longtemps. Que ce soit par le levier d’un « âge-pivot » ou par celui de l’augmentation du nombre de trimestres pour prétendre à la même pension qu’auparavant, ne change strictement rien pour les travailleurs de France.

Le Président de la République a menti pendant la campagne présidentielle, quand il écrivait noir sur blanc dans son programme : « Je ne toucherai pas à l’âge de départ, ni au montant des pensions ». Car la réforme des retraites qu’il nous prépare touchera aux deux : vous devrez travailler plus longtemps, et vos pensions seront plus basses. Toutes les projections, même celles des économistes libéraux, admettent ces deux réalités.

Macron, qui file le parfait amour avec Nicolas Sarkozy à la faveur de l’été, s’inspire de l’ex-Président dont la réforme la plus dure fut celle des retraites, qui souleva en masse les foules à l’automne 2010. Comme lui, Macron assène deux mensonges pour faire passer la pilule : nous vivons plus longtemps, et les caisses sont vides. L’espérance de vie globale des Français stagne depuis 2012, quand elle ne baisse pas carrément ; et si les caisses sont vides, c’est parce que le patronat fraude la Sécu, à hauteur d’au moins 20 milliards d’euros de cotisations chaque année. Soit deux fois le montant du déficit du système de retraites en 2022, selon les projections pessimistes du Conseil d’orientation des retraites, qui ne prévoient ni un retour au travail des plus de six millions d’inscrits à Pôle Emploi, ni l’égalité salariale entre les femmes et les hommes – qui rapporteraient tous deux des dizaines de milliards d’euros à la Sécurité sociale. La main tendue du Président ressemble davantage à un bras d’honneur.

Revenons sur le principe absolu de la réforme : travailler plus longtemps. L’âge de départ effectif à la retraite chez les salariés du privé se situe à 63 ans en moyenne, un peu moins dans le secteur public où les professions mieux protégées sont nombreuses – infirmiers, soldats, policiers entre autres. Tous les métiers seront alignés sur la pire situation : « l’équité » sauce Macron. L’espérance de vie en bonne santé en France s’établit à 64,1 ans chez les femmes et 62,7 ans chez les hommes. Faire travailler tout le monde plus longtemps, donc au-delà des 63 ans effectifs, c’est franchir un seuil vital.

La réforme des retraites est bien « la mère de toutes les réformes », et constitue une bombe. Elle a été placée là par Emmanuel Macron et ses ministres, mais ces derniers « tenteraient de la déminer » selon la propagande des médias libéraux, acquis à la cause patronale et macroniste. Plus fort que le pompier-pyromane, le terroriste-démineur.

Combattre la réforme des retraites est la mère de toutes les batailles. Syndicats, gilets jaunes, militants politiques et associatifs peuvent se préparer à un combat dur, qui exigera du courage et de la persévérance, mais grâce auquel nous pouvons faire reculer le chef de l’État et son gouvernement infernal – une déroute dont ils ne se relèveraient pas. Tous les travailleurs de France sont concernés. Tous ont le pouvoir, par leur mobilisation collective, de mettre K.O Macron.

Inutile

C’est une première en France : ce dimanche 25 août après-midi, l’hypermarché Géant Casino du quartier populaire de la Roseraie, à Angers, ouvre ses portes… sans aucun personnel de l’enseigne. De quoi provoquer la colère des 114 salariés, qui se sont rassemblés dès 11h, avec les syndicats, les gilets jaunes et les partis politiques de gauche radicale, pour alerter contre une pratique engendrant chômage et injustice.

Au lieu de fermer à 12h30, l’hypermarché de 5.189 m² sera ouvert jusqu’à 21h chaque dimanche, à compter d’aujourd’hui. A l’intérieur, à part les clients inconscients de scier la branche sur laquelle ils se trouvent, le magasin est désert. Tout au plus quatre vigiles et deux animatrices, présentes « dans un premier temps » pour accompagner les consommateurs vers les huit caisses automatiques « flambant neuves », sont chargés de veiller au bon fonctionnement. Cette poignée de travailleurs ne sont pas employés par Géant Casino, mais par des prestataires sous-traitants, échappant à la protection de la convention collective de la grande distribution. « En cas de souci avec l’une des caisses, il faudra utiliser la borne téléphonique reliée à un centre d’appels qui permettra de résoudre le problème » a indiqué Luc Simon, directeur du Géant Casino de la Roseraie, bien le seul sur place à s’être porté volontaire pour ce « test ».

Heureusement, des citoyens venus nombreux – près d’une centaine malgré les 33° à l’ombre – ont joué les troubles-fête. Sur le parking et à l’intérieur même du magasin, syndicalistes, gilets jaunes, militants ont fraternisé à travers cette action. « Contre le ‘travail, consomme et ferme ta gueule’ », des porte-parole improvisés, mégaphone au poing, ont précisé entre deux chants de révolte le but de leur action, à l’endroit des clients venus relativement nombreux : « Nous ne sommes pas là pour vous embêter, nous sommes là pour vous protéger contre ce système qui vous exploite […] En consommant le dimanche après-midi, vous vous rendez complices d’un système qui écrase les travailleurs. Par solidarité, par fraternité, reposez vos articles ! »

Force est de constater que la mobilisation a arraché quelques petites mais remarquables victoires : des clients ont effectivement, au moment de scanner leurs articles, renoncé à leurs achats, sous l’applaudissement de dizaines de manifestants. « On est opposé à ce que des machines remplacent les salariés, à ce que des groupes comme Casino fassent du profit sur le dos des travailleurs » a tonné un syndicaliste. « Nous sommes inquiets pour nos emplois, nous craignons que ce système de caisses automatiques s’installe sur d’autres plages horaires et pousse à la disparition de nos métiers », d’après Saliha Guehaichia, la déléguée syndicale CGT du Géant Casino la Roseraie.

Ouvrir un hypermarché un dimanche après-midi, sans aucun salarié de l’enseigne, est une machine à cash pour les gros actionnaires, et une usine à chômage de plus pour les travailleurs de France, qui s’en seraient bien passé. Notre cher Président, barricadé au G7 à Biarritz consacré aux « inégalités sociales » (sic), n’en a pas dit un mot. Et pour cause : c’est la loi Macron promulguée le 6 août 2015 qui a donné la possibilité aux dirigeants des grandes surfaces d’ouvrir jusqu’à 13h tous les dimanches de l’année, et c’est cette même loi qui laisse un flou juridique concernant l’ouverture sans salarié à des plages horaires étendues.

Après le dimanche après-midi, pourquoi pas la nuit, 24 heures sur 24, 365 jours par année non-bissextile ? Pour les riches capitalistes du secteur de la grande distribution, en l’occurrence Jean-Charles Naouri, qui détient les enseignes Casino, GO Sport, Monoprix, Leaderprice et Cdiscount, tout est bon pour multiplier les profits. Quitte à se passer de ses salariés, par la déshumanisation d’un grand magasin avec l’automatisation à outrance… Et à propager chez une population populaire, dénuée de conscience de classe, s’accrochant à son rôle de consommateur comme dernier marqueur social, des pratiques d’achats purement inutiles, anéantissant de fait le seul jour de la semaine consacré au repos, aux loisirs, aux amis et à la famille.

Excessif

Toute honte bue, le gouvernement français a condamné, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères diffusé dimanche 4 août, « l’usage manifestement excessif de la force » par les autorités russes, qui ont procédé à 800 interpellations lors d’une manifestation non-autorisée, la veille à Moscou.

Faut-il rappeler au gouvernement français, mis en place il y a deux ans, son sinistre bilan en terme de maintien de l’ordre ? Depuis novembre 2018, les mobilisations des « gilets jaunes » ont été le théâtre d’une répression féroce, réalisée par les policiers et gendarmes sous les ordres des préfets, donc du ministre de l’Intérieur. Employant sans retenue les gaz lacrymogènes, les grenades de désencerclement et les lanceurs de balles de défense (LBD), les forces de l’ordre ont arraché cinq mains, crevé 21 yeux, blessé 2.500 personnes dont 115 journalistes.

En outre, des milliers d’arrestations – 1.723 le seul 8 décembre – ont eu lieu lors des manifestations, déclarées ou non, depuis le début du mouvement des « gilets jaunes ». En mars, plus de 800 condamnations à de la prison ferme avaient d’ores et déjà été prononcées, par des tribunaux sommés par le gouvernement de juger à toute vitesse, pour faire des exemples.

Faut-il rappeler au gouvernement français sa responsabilité dans la mort de Zineb Redouane, octogénaire touchée par une grenade lacrymogène le 1er décembre 2018, alors qu’elle était à son balcon et dont l’appartement marseillais a été « nettoyé » par les flics avant l’enquête judiciaire, ou dans celle de Steve Maïa Caniço, noyé dans la Loire suite à une charge policière, pour avoir commis le seul crime de profiter d’un concert le soir de la Fête de la musique ?

La doctrine du maintien de l’ordre, édictée par le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, sous l’autorité immédiate du Premier ministre Edouard Philippe et du Président Emmanuel Macron, est la source de ces tragédies, décès ou blessures graves, dont la multiplication ne permet plus de les qualifier de simples « dérives » ou « bavures ». La violence des forces de l’ordre, que les jeunes des quartiers populaires subissent depuis des années, s’est accentuée et généralisée depuis l’arrivée de Macron à l’Élysée. Tout foyer de contestation se doit d’être étouffé manu militari dans une France où les inégalités économiques explosent.

Et c’est donc ce même gouvernement français qui se permet de donner une leçon de pacifisme aux autorités russes. Celles-ci ne sont pas des anges, et elles ont bien procédé à l’interpellation, samedi 3 août, de 800 sympathisants d’Alexéi Navalny, homme politique libéral proche des États-Unis et de l’extrême-droite présenté à tort, en France, comme « le principal opposant » à Poutine – la véritable principale force d’opposition au Kremlin, à toutes les élections, est le Parti communiste de la fédération de Russie. Mais si le gouvernement LREM avait une leçon à donner à la Russie vu la situation récente de notre pays, ce serait une leçon en brutalité, en violence, en agressivité et en déshonneur.